Ce n’est pas un film sur la religion. C’est plus que cela. C’est un film sur ce qui fait la beauté des hommes : leurs valeurs et leurs principes qu’ils peuvent placer au-delà d’eux-mêmes pour donner un sens à leur vie, pour donner un sens à la vie.
Je remarque dans ce film une photographie absolument exceptionnelle : je n’avais pas vu ça en France depuis bien longtemps. La directrice photo est Caroline Champetier (Villa Amalia, L’avocat de la terreur, …).
Arrivera-t-elle à concurrencer mon directeur photo préféré depuis au moins 10 ans, j’ai nommé Harry Savides (Elephant, The Yards, Zodiac, Birth, American ganster, ….) ? Je ne le sais pas, mais en tout cas je n’avais jamais vu dans un film français une telle finesse des couleurs dont la non saturation et les nuances ainsi que la sobriété sont vraiment impressionnantes (les murs verts délavés, le bleu du monastère, les bruns et les verts des paysages, les visages des moines, certains noirs dans les scènes de nuit, etc ….).
Je pensais vraiment avoir affaire à une directrice photo assez jeune et avec une forme de courage dans la sobriété (un peu à la Harry Savides que l’on sent quand même énormément derrière sa photo même s’il travaille avec de grands réalisateurs).
En fait il s’agit d’une femme qui a déjà une très très longue expérience. On est donc en présence de quelqu’un qui a travaillé son art toute sa vie (je ne sais plus quel essayiste classait les artistes en deux catégories : ceux qui, jeunes, ont la fraicheur et l’inconscience d’une forme de génie et ceux qui perfectionnent leur art et atteignent leur apogée à la fin de leur vie).
Les acteurs sont touchants. Michael Lonsdale est magistral comme toujours. Je crois que cet homme pourrait réciter un annuaire face à une caméra et cela aurait un charme fou.
Une remarque très personnelle (je ne suis pas cinéaste) : j’aurais fini le film après la séquence des visages heureux puis tristes (après que Michael Lonsdale ait lancé la musique de son “ghettoblaster” monacal …). Le film tient tout du long sur le fait que l’on connait la fin et j’aurais trouvé élégant de ne jamais aller jusqu’au dénouement fatal.
Xavier Beauvois lors de la projection, au delà de ses remarques sur le foot, le haschich marocain et Brice Hortefeux, m’a profondément touchée lors qu’il a parlé de sa rencontre avec le moine qui a survécu à cette affaire : il nous a dit qu’il y avait une telle bonté qui émanait de lui qu’il ressentait alors très fortement “qu’on sentait que cet homme avait réussi sa vie”.
C’est cette humanité là que l’on veut dans les films.
On en a eu un peu dans Des hommes et des dieux.