#photography
Si vous n’allez voir qu’une seule expo photo en cette fin d’année c’est celle de Mark Cohen au Bal.
Les couleurs sont justes magnifiques, les cadrages très puissants.
Jaw-dropping comme disent les Américains.
Par contre le livre, par sa mise ne page notamment, ne rend pas justice. Raison de plus pour aller voir les tirages par soi-même.
Toshio Shibata donnait la semaine dernière une conférence au Bal.
http://www.le-bal.fr/fr/mh/rencontre-avec-toshio-shibata/
Grâce à lui j’ai compris quelque chose de fondamental en photographie.
On lui demande tout le temps pourquoi il n’y a jamais de personnes dans ses photos. Pourquoi il ne photographie que des paysages inertes et sans vie. (je suis sensible à la question car on me demande la même chose tout le temps et parfois je culpabilise de cette “inhumanité” dans mes photos).
Il a répondu je crois qu’il n’en ressentais pas le besoin, je ne me souviens pas très bien de la réponse.
Personnellement je crois comprendre pourquoi.
Je pense que par le cadrage, il rend ses photos vivantes, presque humaines.
Ainsi, c’est bien + que rendre beau ce à quoi on ne prête d’habitude pas attention.
C’est rendre vivant ce qui est inerte.
Je me souviens avoir photographié il y a longtemps une statue dont le visage était suffisamment bas pour que je la prenne de face. J’ai toujours trouvé cette photo bizarre, car je trouvais que la statue avait l’air vivante, un peu comme les visages sculptés dans les murs, qui prennent vie dans le film de Jean Cocteau La belle et la bête (que j’ai revu récemment au cinéma et dont la copie restaurée est, soit dit au passage magnifique).
Parfois on me dit que je vois des choses belles dans le banal, mais moi je trouve que certaines portes ou certains murs ont l’air vivant. (voir par exemple la photo en couleur ci-dessus).
Ce qui est inerte me semble tellement “humain” que je ne ressens pas le besoin d’y mettre des gens. Cela ferait trop.
Je pense que Toshio Shibata est tellement sensible aux formes qu’il photographie que cela le remplit totalement. Il n’a pas besoin de rajouter des choses là où d’autres ne voient que du vide.
C’est flagrant dans sa photo en noir et blanc ci-dessus : on a l’impression de quelque chose d’organique qui vient vers vous. S’il y avait une personne dans la photo, on ne pourrait plus voir de la même manière le paysage qui “redeviendrait” paysage.
Il faut en tout cas voir les photos de Toshio Shibata, à la galerie Polka jusqu’au 26 octobre :