Girolamo Genga, homme à demi nu
Raphael, étude tête d'homme
Baldassare Peruzzi, tête d'homme (détail)
exposition
Girolamo Genga, homme à demi nu
Raphael, étude tête d'homme
Baldassare Peruzzi, tête d'homme (détail)
L’exposition de Joel Meyerowitz qui s’est tenue à la MEP est maintenant finie.
J’avais déjà parler de ce photographe ici :
http://delphinequeme.tumblr.com/post/13594797261/joel-meyerowitz-nouveau-livre
Les tirages, notamment les photos des années 70 de cette exposition étaient simplement magnifiques.
Dans une interview que Joel Meyerowitz a accordé à l’occasion de cette exposition :
http://ourageis13.com/rencontres/portraits/joel-meyerowitz-a-la-mep/
il disait que finalement les images importent peu, ce qui compte c’est la qualité d’attention, l’intensité de perception que la photographie peut apporter dans la vie d’un photographe. C’est tout à fait vrai, et c’est magnifique de le dire, surtout de la part d’un si grand artiste. Mais je trouve quand même qu’il y a deux choses supplémentaires dans la photographie qui me plaisent profondément :
- d’abord, comme dans toute oeuvre d’art, le fait que l’artiste fait une partie du chemin, et le spectateur en fait une autre. C’est Truffaut je crois qui disait qu’il faut laisser de la place pour l’imagination.
Une oeuvre très formatée, très “cliché” (c’est le cas de le dire) ne laisse aucune place à la projection intime que peut (doit) faire le spectateur sur l’oeuvre.
- ensuite, ce que je trouve magnifique dans la photographie, c’est qu’on rentre dans l’oeil du photographe et dans ce qu’il a de plus intime car il nous montre “de l’intérieur” ce que tout le monde voit de manière anodine, mais que lui trouve beau.
Plus que quelques jours pour voir cette merveilleuse petite exposition à la maison de la photographie Robert Doisneau à Gentilly, sur le travail d’Emile Savitry.
Emile Savitry fréquente aussi bien le peintre André Derain, que le poète Robert Desnos, Louis Aragon, que Django Reihnardt. Il sera assistant de Brassaï puis photographe de plateau pour les grands du réalisme poétique français (Grémillon, Carné, Prévert, etc ….).
Voici un choix de mes photographies préférées, qui sont d’une grande modernité.
Modernisme ou modernité, les photographes du cercle de Gustave Le Gray.
Je répondrais assurément “modernité” !
Quelle modernité en effet dans ces clichés des débuts de la photographie!!!
Le Gray forme une cinquantaine de photographes (amateurs) et les fait travailler sur (déjà !) la notion de série ou encore la beauté de leurs tirages.
J’ai particulièrement aimé dans cette exposition les clichés de Olympe Aguado.
Cette exposition réunit des oeuvres absolument magnifiques, notamment des toiles de Jérome Bosch (dont le Jardin des délices!), un tableau de Hans Memling (ci-dessus) mais surtout elle réunit plusieurs toiles de Joachim Patinir, un de mes peintres préférés dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises dans ce blog. Patinir a été le premier à peindre ces paysages rocheux, surnaturels, où ses bleus et ses verts (ici exceptionnellement ses rouges) se mélangent au delà de toute réalité possible. Je retrouve de ses paysages dans ceux des peintres italiens dont notamment les deux Vierge au rocher (celle du Louvre et celle de la National Gallery) de de Vinci. Cependant, et malheureusement comme d’habitude, Patinir n’est pas mis en avant par les commissaires d’exposition (ni sur l’affiche, ni sur la couverture du catalogue). Je ne comprends pas cette non reconnaissance persistante de ce génie de la peinture.
Grâce à la Fondation Henri Cartier-Bresson j’ai eu la chance d’une visite privée de l’exposition La photographie en 100 chefs-d’œuvre à la BNF (site François Mitterrand), au sein d’un groupe d’amateurs de photographie, avec un conférencier que j’ai trouvé exceptionnel tant par son érudition que par sa vivacité.
Les oeuvres choisies sont toutes très belles. Chacune mérite que l’on s’y attarde.
Ma préférée est Los Agachados (les courbés) de Manuel Alvarez Bravo. Des hommes de dos (toujours intéressant dans un portrait selon moi), dont on ne voit même pas la tête, qui semblent attachés à leurs tabourets, qui sont pourtant dans un café mais dont on sent qu’ils tentent furtivement d’échapper à la dureté de la vie qu’ils portent sur leurs épaules. Le cadre et la géométrie de la photo sont évidemment magnifiques.
Une remarque que le conférencier nous a faite d’entrée sur la photographie en général et que je trouve excessivement pertinente c’est que c’est le seul art que l’on peut faire sans avoir une démarche artistique (volontaire). Remarque, que j’avais également notée lors d’une conférence de Walter Guadagnini, historien de la photographie, à la Fondation HCB, qui soulignait lui aussi la multiplicité des intentions qui peuvent exister derrière une photo. En photographie on peut donc faire une oeuvre d’art sans avoir l’intention d’en faire une. Ce qui est finalement assez unique. Cette vision me renvoit d’ailleurs avec une délectation sans cesse renouvelée, à ce texte majeur dont je cite la référence très fréquemment dans ce blog Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc où le philosophe allemand Eugen Herrigel nous explique que selon le zen, “viser” nous décale instantanément de la réalité d’un acte, voire de l’appréhension de la vie. (voir ici)
Pour revenir à l’exposition, je ne rentre pas dans la polémique des photographes majeurs non représentés (il y en a forcément beaucoup), car pour moi, tout le problème de cette exposition c’est son titre.
(bon allez je dis quand même ce que je pense : l’absence d’August Sander me semble totalement incompréhensible …).
Cette exposition aurait dû s’intituler quelque chose comme Cent ans de photographie, un choix de 100 clichés (par exemple).
Les photographies sont magnifiques. Je ne remets pas cela en cause. Mais si on dit présenter des chefs d’oeuvre, alors il faut présenter des chefs d’oeuvre.
Or un chef d’oeuvre n’est pas une photo “simplement” magnifique. C’est la catégorie encore au-dessus. Ce sont des images qui se détachent complètement des autres.
Il y a quelques jours j’étais à une visite guidée au Louvre sur les primitifs flamands. Dans la salle que nous visitions, il n’y avait évidemment que des toiles d’une qualité exceptionnelle (Van Eyck, Memling, Van der Weyden et j’en passe) mais il y avait malgré tout UN tableau qui surpassait allègrement tous les autres c’était La Vierge au chancelier Rollin de Jan Van Eyck.
Tout cela pour dire que pour moi il y a une différence entre une oeuvre d’une qualité rare et ce que l’on appelle véritablement un chef d’oeuvre.
Alors il est vrai qu’il est plus facile d’être frappé par un chef d’oeuvre en peinture plutôt qu’en photographie mais quand même.
Reste que l’exposition est à voir.
http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_expositions/f.100_chefs_doeuvre.html
Il y a une quinzaine de jours je suis allée au vernissage de l’exposition de Todd Hido à la Galerie Particulière.
Todd Hido est surtout connu pour ses séries sur les maisons prises de nuit que j’apprécie énormément. J’aime moins le reste de son travail, notamment ses portraits (ceux qui sont flous, pas ceux qui sont pris dans des chambres d’hôtel ou des intérieurs).
Mais ma photographie préférée de l’exposition, de loin, n’est, étonnamment, pas une maison de nuit, mais la photo d’une voiture sur une route, prise de nuit elle aussi. Je trouve cette photo très cinématographique, et moins statique que toutes les autres. Elle nous raconte encore plus une histoire.
Petite exposition réussie, comme toujours au Musée du Luxembourg.
Beaucoup de spécialistes remarques souvent en premier les couleurs chez ce peintre vénitien. Personnellement, ce qui me touche plus ici c’est réellement la modernité et la simplicité (qui vont ensemble me semble-t-il) des visages.
On le voit particulièrement dans ce tableau de la Vierge et l’enfant.
Un tableau extraordinaire qui surnage complètement dans l’exposition : un portrait de Jésus dont la photo vous donnera qu’une très faible idée. La lumière de ce tableau est magnifique. Le regard perdu aussi.
Rêves de laque. Le Japon de Shibata Zeshin.
Très belle exposition au Musée Cernuschi sur un artisan japonais qui alla (au 19è siècle) à la rencontre de l’occident en participant à plusieurs expositions universelles où il fit naturellement sensation.
Cette semaine j’ai flirté avec les anges …
J’ai été bouleversée à m’en retenir de pleurer par la Sainte Anne de Léonard de Vinci, et deux jours après, je n’ai juste pas compris ce qui m’arrivait quand Yusef Lateef, accompagnant Ahmad Jamal en concert à l’Olympia, nous a hypnotisés avec ses notes posées ça et là de façon quasi abstraite créant une musique qui vous submergeait.
Je ne crois pas en Dieu. Mais là il y a quand même quelque chose qui m’échappe dans tout ça …
L’exposition autour de la Saint Anne de Léonard de Vinci était tout simplement magnifique !
Je dis “étais” car, comme à mon habitude, j’y suis allée le dernier jour ….
Nous seulement on voit la genèse du tableau, les travaux de préparation, mais aussi ce qu’il y a de passionnant ce sont les copies de l’époque, essentiellement par les membres de son atelier ou par d’autres peintres contemporains. C’est vraiment là que l’on voit à quel point Léonard est complètement au-dessus du lot.
Je crois que c’est Philippe Sollers qui disaient que les gens aiment Mozart car sa musique est d’une telle évidence, fluidité, simplicité. C’est la même chose pour Leonard, tout semble évident dans ce tableau.
C’est quand on voit le détail non réussi d’un visage ou d’une main, d’un volume ou d’une perspective chez un autre peintre que l’on se rend compte que le parfait équilibre chez Léonard tient du miracle.
Tous les spécialistes parlent de la fameuse diagonale qui se dessine entre les trois visages et qui est effectivement ce qui apporte sa magie au tableau, mais personnellement ce qui m’a toujours surpris c’est l’excessive proximité entre Sainte Anne et Marie. Pour moi, Sainte Anne n’est là qu’en rêve, comme pour protéger sa fille et l’enfant Jésus.
Comme dans ce tableau de Hans Memling où l’homme lisant à son fils défunt à côté de lui (ici)
Un seul regret : je m’attendais vraiment à voir la Vierge aux Rochers de la National Gallery de Londres (afin de la mettre en face de celle du Louvre) dont j’aime particulièrement le paysage lointain qui me rappelle les primitifs flamands.
Je suis sortie éberluée par l’exposition. J’ai oublié mon casque au vestiaire.
Re-rentrer dans le quotidien de la vie en regardant mes messages sur mon iPhone ou en écoutant de la musique m’a semblé d’une vulgarité sans nom.
Yukata Takanashi à la Fondation Henri Cartier Bresson.
J’ai assez aimé les clichés noir et blanc de ce photographe japonais, mais c’est dans la deuxième salle où sont présentés ses photographies couleurs que j’ai vraiment été bluffée.
Y sont en effet présentés des tirages Cibachrome absolument magnifiques de photographies aux couleurs incroyablement nuancées, très vivantes, tout en étant peu saturées. On est surpris d’une telle chaleur.
Jusqu’au 29 juillet à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
J’étais hier à l’exposition de Berenice Abbot au Jeu de Paume.
Je la connaissais évidemment pour avoir été celle qui a révélé Atget comme un véritable artiste, et aussi parce qu’elle avait été l’assistance de Man Ray.
Je connaissais surtout ses photos de New York dans les années 30 en train de se métamorphoser : ses photos d’architecture principalement et ses portraits de l’avant garde artistique du Paris des années 20.
Je ne savais pas qu’elle avait parcouru les Etats-Unis (à la Robert Frank) pour documenter de façon systématique les lieux et les hommes de ce pays.
Je savais encore moins qu’elle avait passé plus de 20 ans à faire des photographie scientifique, notamment au MIT. Le résultat étant de magnifiques oeuvres que je qualifierai paradoxalement d’abstraites alors même qu’elles s’attachaient à être des plus concrètes : matérialiser une onde, un centre de gravité, un mouvement.