Violence et passion de Luchino Visconti est sans doute mon film préféré.
Cela doit bien faire 15 ou 20 ans que c’est le cas.
Je me souviens avoir vu ce film il y a très longtemps au Saint-Germain-des-Près.
J’avais trouvé le DVD par hasard à la boutique de Tate Modern à Londres alors même que je le cherchais depuis des années. Mais je ne le regarde jamais en DVD. Ce film doit être vu sur grand écran.
C’est donc quelques jours après sa re-sortie en salles (Filmothèque du Quartier Latin) que je suis allée le voir, symboliquement le jour de mon anniversaire, dans une salle pleine.
Quel enchantement.
Il y a des films que j’aime plus que tout mais qui parfois me déçoivent quand je les revois. Par exemple Les dames du bois de Boulogne de Bresson que j’ai revu récemment. Non pas que ces films ne soient d’excellents films, ils le sont et le restent, mais leur première vision est souvent un tel choc émotionnel qu’il est difficilement reproductible.
Car un film se “fait” pour moi à mi-chemin entre ce qu’il offre et ce que le spectateur y voit. Les “bons” films laissent de la place, pour que le spectateur puisse y projeter ses propres émotions, sa propre imagination, sa propre “réalité”. C’est pour ça que l’on voit toujours de nouvelles choses quand on revoit un bon film. Un “mauvais” film sera plus fermé, plus formaté évidemment, moins complexe.
Violence et passion est l’histoire d’un homme âgé (Burt Lancaster), qui préfère les oeuvres d’art aux hommes. Il se cache derrière la certitude des objets, parfaits dans leur harmonie, et qui créent suffisamment d’émotions en lui pour qu’il se sente vivant.
Mais c’est un homme qui se referme sur lui-même. Son extrême sensibilité, qui lui permet autant d’apprécier les oeuvres d’art, a du lui faire mal dans la vie.
Une “famille” (une femme mariée, son amant, sa fille, etc …) vient s’installer au-dessus de chez lui et il va être à nouveau confronté à ce qu’est la vie : l’amour, le risque, la violence et les passions.
Jacques Audiard parlait il y a quelques semaines de son dernier film De rouille et d’os dans Projection privée (de Michel Ciment sur France Culture : mon podcast préféré). Son personnage principal, qui s’est anesthésié de la vie (ses combats le prouvent : il peut tout encaisser, il ne sent rien …) ne s’autorise à aimer qu’au bord du précipice, quand il n’a plus le choix.
C’est un peu la même histoire finalement.
Celle des gens sensibles qui n’arrivent pas à affronter la vie.
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